Accueil Actualité Mahamat Idriss Déby investi au Tchad… en l’absence de l’Union africaine

Mahamat Idriss Déby investi au Tchad… en l’absence de l’Union africaine

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Au Tchad, la cérémonie d’investiture du général Mahamat Idriss Déby Itno s’est déroulée sans la présence du président de la commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, qui avait déjà manqué samedi dernier la clôture du dialogue national.

Les désaccords entre l’Union africaine et N’Djamena au sujet de la durée de la transition militaire pourraient conduire à la suspension du Tchad de l’organisation.

Rompre avec les vieilles habitudes

Selon plusieurs sources, depuis le discours de Moussa Faki Mahamat à l’ouverture du dialogue national, le 20 août dernier, appelant les dirigeants de la transition à rompre avec les vieilles habitudes de mauvaise gouvernance, rien ne va plus entre lui et le camp de Mahamat Idriss Déby.

Des tensions qui se sont accentuées suite au communiqué du conseil de paix et de sécurité de l’Union Africaine, appelant les dirigeants de la transition au respect de la période de 18 mois pour l’achèvement de la transition, et du principe de la non-éligibilité des dirigeants de la transition.

C’est ce qui justifierait l’absence de l’Union africaine à la clôture du dialogue et à l’investiture de Mahamat Idriss Deby Itno ce lundi, estime l’analyste politique Mahamat Kebir Abdoulaye.

« L’Union africaine maintient sa position contre la candidature des dirigeants de la transition et contre les 24 mois de transition, explique-t-il. Ce sont ces raisons qui expliquent l’absence voire même de boycott de l’Union africaine à ces deux cérémonies. Certainement, l’Union africaine, lors de sa prochaine réunion à travers le conseil de paix et de sécurité, prendra certaines sanctions ciblées, par exemple la suspension du Tchad de l’Union africaine et d’autres sanctions suivront par étape. »

Jean-Bernard Padaré, le porte-parole du Mouvement patriotique du salut, l’ancien parti au pouvoir qui soutient cette transition, n’est pas du même avis.

« N’étant pas le directeur de cabinet du président de la Commission de l’Union africaine, je présume que ça doit être un problème d’agenda. Peut-être qu’il a d’autres charges et qu’il n’a pu se libérer. Par conséquent il n’y a pas d’autre interprétation qu’on puisse avoir », déclare Jean-Bernard Padaré.

Pour la démocratie

Dans les rues de N’Djamena, les commentaires des habitants de la capitale tchadienne sont plutôt négatifs.

‘’Ce qu’on attend de Mahamat Idriss Déby est qu’il organise les élections pendant les 24 mois, et qu’il quitte le pouvoir. Nous ne voulons pas de confiscation du pouvoir. Ce qui était silencieux il y a longtemps a décidé d’être debout. Il faut qu’on écoute ce peuple », déclare un habitant de la capitale.

« Ce qui s’est passé aujourd’hui enterre la démocratie au Tchad, regrette un autre. On ne doit pas imposer un président aux Tchadiens en toute illégalité. »

‘’Le Tchad n’est plus un pays de droit, déclare un troisième. C’est une dictature qui ne dit pas son nom. La communauté internationale doit agir. »

Recherche du bras de fer ?

En refusant de se conformer aux exigences pour le retour des civils au pouvoir, les autorités militaires de transition chercheraient-elles à engager un bras de fer avec l’Union africaine et aussi la communauté internationale ?

C’est un choix périlleux, estime Max Kemkoye. Président de l’Union des démocrates pour le progrès, un parti d’opposition, il déclare au micro de la DW :

« Vu l’intransigeance qui frise l’obstination diplomatique de monsieur Mahamat Idriss Déby Itno et son équipe, qui brille d’ailleurs par son amateurisme total, Moussa Faki Mahamat ne peut évidemment pas venir au risque de compromettre les engagements de l’Union africaine. Mais il n’y aura pas de bras de fer avec la communauté internationale puisque Mahamat Idriss Déby Itno n’a ni la capacité, ni les moyens ou encore la compétence pour s’essayer à ce genre de pratique périlleuse. Il n’a pas d’autre choix que de négocier avec la communauté internationale. »

La DW a vainement tenté d’avoir l’avis des services de communication de l’Union africaine sur la question.

A noter que plusieurs chefs d’Etat du continent, invités à cette investiture, n’ont également pas effectué le déplacement. Seul le président nigérian Muhammadu Buhari y a pris part.

Jusqu’à présent, la plus importante nomination dans la prochaine équipe ministérielle concerne Gali Ngothé Gatta qui est nommé ministre d’Etat et secrétaire général à la présidence de la République tchadienne. (dw.com)

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