« Pour l’honneur de la patrie » : c’est ainsi qu’est intitulé le nouvel hymne national du Niger. Il vient ainsi remplacer « La Nigérienne », écrit au lendemain de l’indépendance du pays, en 1961. En changeant son hymne, c’est un peu une page de l’histoire du pays qui se tourne. Sur le continent, le Niger n’est d’ailleurs pas seul à avoir modifié son hymne. Récemment, Abdelmadjid Tebboune, le président algérien, a décidé par décret de réintroduire la version longue de l’hymne national algérien. Une version dont l’un des couplets parle de la France. Ce qui fait polémique.
Au Niger, un nouvel hymne
« L’honneur à la patrie », le nouvel hymne nigérien que les parlementaires ont adopté, est présenté comme un instrument qui permettra d’enraciner la promotion de l’égalité, de la liberté, de la fraternité, du patriotisme et de l’unité nationale.
L’adoption de ce nouvel hymne vise à mettre un terme aux critiques dont faisait l’objet « La Nigérienne » qui était utilisée jusqu’à présent.
Composé par un Français au lendemain de l’indépendance, en 1961, il était reproché à l’ancien hymne un certain nombre de messages faisant ressortir toujours un rapport de dépendance, de subordination voire de racisme notamment aux troisième et quatrième vers de la première strophe : « Soyons fiers et reconnaissants / de notre liberté nouvelle » ; au cinquième vers de la première strophe : » évitons les vaines querelles. »
Mais à Niamey, si les Nigériens ont suivi le débat autour du nouvel hymne, certains considèrent aussi qu’il y a d’autres priorités. « Lorsqu’on change d’hymne ou de drapeau… c’est surtout pour s’affirmer et exiger une vrai indépendance », estime Abdourahamane Oumarou.
Pour Mikoul Zodi, autre habitant de Niamey : « Le problème du Niger, ce n’est pas un changement d’hymne, c’est un problème d’intégrité de son élite politique… c’est le développement ».
Quoi qu’il en soit, cette décision d’adopter désormais un nouvel hymne est prise alors que le Niger célébrera, le 3 août prochain, le 63e anniversaire de la proclamation de son indépendance vis-à-vis de la France.
La France, un pays qui a une histoire coloniale également avec l’Algérie qui a aussi pris une décision concernant son hymne national » Kassaman » que l’on peut traduire par « Le Serment » ou bien encore « Nous Jurons ».
Retour à la version longue en Algérie
Dans le cas algérien, ce n’est pas un nouveau texte qui est proposé, le président Abdelmadjid Tebboune a décidé par décret de réintroduire la version longue de l’hymne national algérien.
Une version dont l’un des couplets parle de la France. Ce qui fait polémique alors que les relations entre les deux pays ne sont pas vraiment au beau fixe en ce moment.
« Les relations franco-algérienne sont souvent des relations tendues et un facteur principal qui complique cette relation, c’est l’histoire. Pour les Algériens, c’est la guerre de libération. Pour les Français, c’est la colonisation. Par rapport à l’hymne national, ils ont raccourci quelques passages, y compris le passage qui parle de la colonisation française. Aujourd’hui, le président Tebboune, toujours dans cette guerre de symboles de la révolution algérienne, a voulu que l’hymne national soit complet », explique Riadh Sidaoui, le directeur du Centre arabe de recherche et d’analyse.
L’hymne algérien sera donc joué désormais en prenant l’intégralité du couplet qui fait polémique et qui dit, à propos de la France « Voici venu le jour où il te faut rendre des comptes ». Ce qui risque de compliquer davantage les relations entre Paris et Alger.