Rencontrée à Mamou, à son lieu de travail, Mariama Keïta, personnage représenté sur les billets de 500 francs guinéens, s’est livrée à cœur ouvert sur son image qui glisse entre les mains de milliers de guinéens tous les jours. Même si aujourd’hui elle n’exige pas à ce que sa photo soit enlevée sur ce billet de banque, devenu patrimoine national, elle ne comprend pas que cette représentation ne puisse rien lui apporter en retour, malgré l’insistance auprès des autorités, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Dame Mariama Keïta, personnage principal représenté sur le billet de 500 francs guinéens, explique les circonstances dans lesquelles sa photo a été prise.
« Cette photo a été prise en 1979 à Abattoir, un quartier relevant de la commune urbaine de Mamou. C’était à l’occasion d’un événement culturel dénommé « troupe fédérale ». On était en train de faire une répétition. Des blancs étaient venus pour filmer. En ce moment, j’avais 19 ans. Lorsque la photo a été prise, elle a été mise dans un livre pour un premier temps. Mais, c’est en 1985 que ma photo a été mise sur le billet de 500 francs guinéens, six ans après », précise-t-elle.
A la question de savoir si sa photo a été prise avec son consentement et qu’est-ce que cette représentativité lui a servi, Mariama Keïta précise : « c’est lorsque ma photo a été publiée dans le livre qu’une de mes amies qui réside au Sénégal m’a appelé pour me le dire pour la première fois. Par après, c’est ma tante qui est venue un matin à notre domicile pour me dire en Soussou qu’elle a vu ma photo sur le billet de 500 francs guinéens. C’est ainsi que toute la famille s’est réunie pour observer à tour de rôle le billet avec beaucoup de fierté. Cette photo a été prise sans mon consentement, personne n’a demandé mon avis pour la prise de la photo. Néanmoins, je ne trouve pas de mal en soi, car c’est un billet qui représente un patrimoine national », a-t-elle mentionné.
Selon nos informations, Mariama Keïta a fait certaines démarches auprès des autorités guinéennes pour bénéficier d’une compensation. Mais, c’est juste un spécimen d’un billet de 500 où se trouve sa photo qu’on lui a remis à la banque centrale. Depuis lors, rien, affirme notre interlocutrice. « Lorsque ma photo a été mise sur le billet de 500 francs, mon frère m’avait prise et on est parti ensemble à Conakry. On est parti à la banque centrale. Le gouverneur de la banque centrale m’a remis un spécimen d’un billet de 500 francs, qui n’est pas à mettre en circulation jusqu’à ce qu’il contacte le chef de l’État pour voir ce qu’ils vont faire pour moi. Depuis lors, aucune issue favorable. J’ai fait plusieurs interviews et mené des démarches auprès des autorités, mais en vain », a-t-elle fait savoir.
Malgré tout, Mariama Keïta, continue à solliciter auprès de l’État guinéen une compensation pour son image. « Du fait que les gens m’appelle souvent « Tantie Mariama 500 », cela m’affecte beaucoup. Parce que pour certains, je ne manque jamais d’argent, parce que ma photo est sur la monnaie guinéenne. Cela me frustre vraiment. Mais comme je ne peux rien… c’est pour cette raison que je profite de cette interview pour solliciter à ce que les journalistes portent ma voix et ma préoccupation auprès des autorités du pays pour une compensation en guise de reconnaissance pour ma personne pendant mon vivant », a souhaité Mariama Keïta.
Il reste à savoir si ce message sera entendu par les autorités guinéennes et plus particulièrement par celles de la banque centrale.
Mamou : « mon image sur les billets de 500 francs guinéens ne m’a rien apportée » (Mariama Keïta)
