La nomination du Colonel Major Mamadou Sangaré comme Directeur Général de la Société de Développement des Forêts (SODEFOR), depuis des années, reflète la reconnaissance de ses compétences exceptionnelles dans le domaine des Eaux et Forêts ainsi que son dévouement à la préservation et au développement des ressources forestières en Côte d’Ivoire. A l’occasion du 57ème anniversaire de ladite structure d’Etat, il a tenu à faire le point…

LA SODEFOR A AUJOURD’HUI 57 ANS, QUE DOIT-ON RETENIR DE SES MISSIONS ?

La SODEFOR est une Société d’Etat créée le 15 septembre 1966 par décret n°66-422. Structure sous tutelle technique du Ministère des Eaux et Forêts. Elle a pour mission en général « de participer à l’élaboration et à la mise en œuvre de la politique du gouvernement » en matière d’enrichissement du patrimoine forestier national, de développement de la production forestière, de valorisation des produits et de sauvegarde des zones forestières. De façon spécifique, ses quatre principales missions sont la protection, l’aménagement, le reboisement et la revalorisation de la forêt. Elle a en charge la gestion de 233 forêts classées gérées à travers des démembrements déconcentrés que sont les Centre de gestion et les Unités de Gestion Forestière.

QUELLES SONT LES PRINCIPALES ACTIVITES EN TERMES DE GESTION DES FORETS SOUS VOTRE RESPONSABILITE ?

La gestion des forêts classées commence par leur prise en main qui consiste en la manifestation effective de la présence de la SODEFOR sur le terrain. Cette prise en main se concrétise par l’installation d’une Unité de Gestion Forestière (UGF) en charge de la gestion de la forêt, l’identification et la matérialisation des limites de celle-ci, les rencontres d’informations et de sensibilisations avec les autorités administratives, juridiques et les collectivités riveraines. Les principales activités de la SODEFOR sont l’aménagement des forêts naturelles, le reboisement (production de plants, plantation, sylviculture, entretien, régénération etc.), la protection des forêts classées (sensibilisation, surveillance, lutte contre les feux de brousse), la recherche-développement, le développement de partenariat et la valorisation de l’expertise SODEFOR.

EN QUOI CONSISTE DE MANIERE CONCRETES LES DIFFERENTES ACTIVITES QUE VOUS VENEZ DE MENTIONNER PLUS HAUT ?

  • Au titre de l’aménagement des forêts

Le plan d’aménagement d’une forêt est un outil de gestion rationnelle qui fixe les objectifs à atteindre pour une forêt, les méthodes à appliquer et les moyens à mettre en œuvre pour une gestion durable de la forêt. Il s’agit d’un document dans lequel sont planifiées l’ensemble des interventions dans la forêt sur une période déterminée.

Pour une gestion efficiente des forêts classées, la SODEFOR dispose d’un plan-type d’aménagement validé par le Ministère des Eaux et Forêts. Il s’agit d’un canevas qui sert de guide pour l’harmonisation de la rédaction des plans d’aménagement de toutes les forêts classées.

Dans la pratique, l’élaboration d’un plan d’aménagement fait suite à des études et travaux réalisés dans et à la périphérie de la forêt. Ces activités, qui permettent d’avoir les données nécessaires pour prendre les décisions d’aménagement commencent par une revue bibliographique de tous les documents disponibles sur la forêt. Sur le terrain, certaines activités telles que la délimitation, la cartographie, les enquêtes socio-économiques, les inventaires de la faune et de la flore peuvent être nécessaires pour apprécier les potentialités et les contraintes qui sont liées à la gestion de la forêt.

  A ce jour, 92 plans d’aménagement ont été rédigés pour 100 forêts classées sur les 234 gérées par la SODEFOR. Ces forêts occupent une superficie de 2 534 513 hectares soit 60% de la superficie totale des forêts classées dont la majorité concerne les forêts du sud plus menacées par la pression anthropique (agriculture, exploitation forestière, etc.).

  • Au titre du Reboisement

La SODEFOR, créée en 1966 pour le développement des plantations forestières, a une longue pratique du reboisement depuis la fin des années soixante. Ses reboisements étaient réalisés, au départ, dans quelques forêts classées que l’Etat lui avait confiées et choisies à travers toute la Côte d’Ivoire.

Comme précisé précédemment en 1993, sa mission a été élargie à la gestion de l’ensemble des 234 forêts classées de Côte d’Ivoire dont la majeure partie d’elles étaient déjà infiltrées par des occupations paysannes.

Pendant longtemps le reboisement a constitué l’activité majeure de la SODEFOR. Ces activités se sont articulées autour de la production des plants de qualité (pépinières) et les plantations (mécanisée et manuelle) avec la technique de plants forestiers aux plantations agricoles (agroforesterie).

 – Production de semences forestières

La qualité des semences utilisées a été fortement améliorée par les essais de provenances, la sélection de parcelles semencières et de peuplements semenciers naturels, la sélection de clones et la mise en place de vergers à graines. Cette stratégie lui a permis d’atteindre les principaux résultats se présentent comme suit :

  • 317,13 ha de Parcelles semencières (Teck, Acajou, Assamela, Bété, Cedrela, Gmelina, Fraké, Framiré, Niangon) ;
  • 14 ha de vergers à graines de Teck ;
  • 2 centres de bouturage d’une capacité de plus de 10 millions de plants ont été créés à Oumé (FC Téné et Sangoué). A cela s’ajoutent des pépinières volantes dont la capacité est liée à la superficie à reboiser ;
  • Un centre de production de compost à partir de biomasse ;
  • Deux chambres froides à Abidjan et Adzopé pour la conservation des semences ;
  • Un laboratoire d’analyse de la viabilité des semences à Adzopé ;
  • Des magasins de stockage des semences à Abidjan, Duekoué, Adzopé et dans les forêts classées de Téné, Sangoué, Mopri, Irobo, Séguié, Bouaflé et Soungourou.

 – Production de plants par bouturage

Le Centre de Bouturage est situé sur le rivage du fleuve Bandama, à environ 10 km de la base vie de la forêt classée de la Téné. Créé en 1987, le centre couvre actuellement une superficie de 18 hectares. Il conduit la production de plants de Samba (Triplochiton scleroxylon), le Gmelina (Gmelina arborea) en 1990, le Teck (Tectona grandis) en 1995, l’Acajou (Khaya spp) et le Tiokoué (Garcinia afzelii) en 2010 à partir de boutures sélectionnées.

 – Reboisements créés

La SODEFOR gère aujourd’hui près de 237 000 ha de reboisement, comprenant :

  • 9 357 ha de reboisements créés avant 1966 ;
  • 206 000 ha de reboisements créés par la SODEFOR elle-même dont 70 000 ha de plantations agroforestières ;
  • 22 000 ha de reboisements compensatoires créés dans les forêts classées par les opérateurs de bois.

Les essences reboisées sont le : Teck, Fraké, Framiré, Samba, Cedrela, Gmelina, Acajou, Iroko, Niangon, Tiokoué, Assamela, Makoré, vène, etc.

  • Au titre de la protection des forêts

 – La Sécurisation

Les forêts ivoiriennes n’ont cessé de s’amenuiser au fil des ans à cause de la croissance démographique et du prodigieux développement de l’agriculture, base de la croissance économique du pays.

Pour éviter la disparition des reliques forestières, et face à l’échec des opérations coup de poing dû aux problèmes de suivi, la SODEFOR a mis en place une stratégie plus participative de reconquête des forêts classées, qui consiste à réaffirmer l’autorité de l’Etat sur son domaine par :

  • La sensibilisation de tous les acteurs ;
  • L’arrêt de tous les nouveaux défrichements dans les forêts classées ;
  • La délocalisation des habitations à l’extérieur des forêts classées ;
  • la contractualisation des occupations agricoles en production après en avoir établi un état des lieux;
  • le reboisement des jachères et des zones dégradées ;
  • le maintien surtout d’une présence permanente dans les forêts.

Dans cette stratégie, la contractualisation des occupations agricoles tient une place de choix et elle vise principalement à :

  • réaffirmer l’autorité de l’Etat sur son domaine ;
  • réduire les risques d’insécurité dans les forêts classées et zones environnantes ;
  • atténuer l’impact social et économique de la délocalisation des populations infiltrées ;
  • associer l’ensemble des parties prenantes à la reconstitution des forêts ;
  • améliorer le développement local autour des forêts à travers les différents projets développés ;
  • améliorer la gestion et la protection des forêts avec les populations.

La contractualisation permet aux paysans bien que vivant désormais à l’extérieur des forêts, de poursuivre la récolte de leurs cultures en production. En contrepartie, ils engagent par le biais d’un contrat à :

  • ne plus étendre leur plantation ;
  • ne plus habiter en forêt ;
  • introduire des plants forestiers dans leur plantation ;
  • dénoncer les auteurs de nouveaux défrichements ;
  • participer à l’effort de reconstitution de la forêt (réalisation de travaux forestier, etc.)

Cette stratégie a été expérimentée par la SODEFOR depuis une dizaine d’années.

 – Lutte contre les feux de brousse

Face aux résultats mitigés de la lutte active, la SODEFOR a développé une stratégie de protection et de lutte contre les feux de forêts beaucoup plus orientée vers la lutte préventive.

En effet, consciente du fait que le feu est le fait de l’homme, elle a bâti cette stratégie en privilégiant la sensibilisation tout en :

  • associant les populations riveraines à la surveillance des massifs forestiers par la mise en place de « comités villageois de surveillance ». Il en existe 84 à ce jour ;
  • créant des pare feux nus et boisés autour des reboisements et zones exposées ;
  • procédant à la mise à feu précoce avant l’installation de la saison sèche (novembre-décembre).
  • assurant l’entretien des jeunes reboisements avant la saison sèche ;

A cette phase de lutte préventive s’ajoute la lutte active pour renforcer la politique de protection contre les feux. Dans ce sens, la SODEFOR s’est dotée de moyens d’intervention constitués de :

  • camions incendie,
  • matériels de génie ;
  • petits outillages (casques, battes feu, caches nez, machettes, bottes, vélos, etc.) ;
  • retenues d’eau (barrages et citernes enterrées).
  • Au titre de la recherche-développement.

Les activités de la SODEFOR ont été soutenues jusqu’en 1996, par la recherche forestière, représentée successivement par le CTFT-CI puis l’IDEFOR/DFO qui ont produit des résultats importants en matière de sylviculture des reboisements, d’aménagement des forêts naturelles, d’amélioration génétique des espèces plantées, de protection des peuplements et de technologie du bois.

A la suite de la restructuration de la recherche agronomique et forestière qui a conduit à la réduction des programmes de recherche forestière, la SODEFOR a mis en place sa recherche-développement en interne pour poursuivre les actions déjà engagées notamment :

  • La recherche de solutions pratiques au règlement de la présence paysanne en forêts classées, à travers des formules agro forestières pertinentes ;
  • L’aménagement des forêts naturelles et des reboisements par une meilleure connaissance des peuplements et la mise au point de règles de culture permettant d’accroître la productivité ;
  • L’organisation d’un partenariat avec les industriels du bois pour leur apporter un appui dans le cadre d’une meilleure valorisation du bois et la gestion de leur périmètre d’exploitation.
  • La création d’un centre de semences.
  • La création de centres de Bouturages

Ces deux dernières créations ont permis à la SODEFOR de maitriser aujourd’hui, la qualité et la quantité de production du matériel végétal qui lui confère la puissance cumulée 20 millions de plants à la demande par an.

  • Au titre des partenariats

– Partenariats internationaux

Depuis l’avènement des grands projets de reboisement et d’aménagement forestier, la SODEFOR a entretenu des relations d’échanges et de partenariat avec des sociétés de gestion forestières étrangères. Ces échanges ont permis de renforcer les capacités des agents de la SODEFOR et de bénéficier de l’expertise de ces entreprises. Les principaux partenaires sont :

  • l’Office National des Forêts (ONF) de France. Cet accord a été soutenu par un projet de financement conclu avec le Fonds d’Aide et de Coopération. Il a permis le renforcement des capacités de certains agents de la SODEFOR, la soumission conjointe à des appels d’offres, l’accueil de cadres et d’experts de l’ONF à la SODEFOR ;
  • la Société de Récupération et d’Exploitation Forestière (REXFOR) du Québec (Canada).
  • l’Office National de Développement des Forêts (ONADEF) du Cameroun ;
  • le Forest Research Institute of Ghana (FORIG);
  • Général Wood-CANADA dans le cadre de la valorisation des bois de plantation et de la production de compost et de plants en centenaires rigides ;
  • PTI-CANADA pour la mise en place de la cartographie numérique à la SODEFOR ;
  • LIDAG-Mexique pour la conservation et le développement des espèces forestières en CI.

Par ailleurs, la SODEFOR a accueilli des stagiaires de la sous-région Afrique de l’ouest (Guinée Conakry, Sénégal, Ghana, Bénin, etc.), d’Afrique centrale (Cameroun, Gabon, Congo Brazzaville, etc.) et Australe (Madagascar). Les thèmes des stages ont porté sur divers aspects de l’aménagement forestier.

Dans le cadre de l’exécution de ses missions, la SODEFOR entretient régulièrement des relations de partenariat avec d’autres structures qui interviennent aussi dans en milieu rural (BNETD, CNTIG, OIPR, ANDE, ANADER, etc.) en vue d’une meilleure

Synergie d’actions.

 

  • Au titre des innovations (la SODEFOR a l’ère numérique)

Outils essentiels de la vie sociale, économique et démocratique du XXIe siècle, les technologies numériques participent indéniablement à l’atteinte des objectifs dans les Administrations publiques et privées.

Sous l’impulsion du Colonel-Major Mamadou SANGARE et la technicité du Département des Systèmes d’Information (DSI), la SODEFOR a entrepris la modernisation de son système information, afin de traiter de façon efficace et un temps record l’ensemble des informations, dont elle dispose pour des prises de décisions. A juste titre elle a :

  • Fait construire un Data Center communément appelé « Salle Serveur MAMADOU SANGARE », pour sécuriser son matériel et ses données critiques.
  • Fait l’acquisition de nouveaux matériels pour renouveler son parc d’information, ses serveurs…
  • Mis en place un nouveau réseau informatique sécurisé par les pares feux.

Outre ses réalisations, l’Entreprise a développé des applications métiers pour une gestion efficiente de l’ensemble de ses activités. Nous pouvons énumérer :

– Bordereaux

Première application de la SODEFOR, E-Bordereaux. Cet outil est un système de gestion de l’activité forestière qui permet la sécurisation des supports d’exploitation, le suivi et l’évaluation de l’activité de l’exploitation. E-Bordereaux facilite donc la collecte de données et permet de suivre les activités d’exploitations forestières en temps réel.

Pour preuve depuis juillet 2019, E-bordereaux est en production sur l’ensemble des 9 (neufs) Centres de Gestion :

  • Plus 60 Tablettes reparties sur nos Sites et 300 Agents formés à l’usage d’outils modernes ;
  • Capacité de Production de plus 25 Carnets de Bordereaux par Semaine ;
  • 239 Contrats d’exploitation, remontés et suivis en ligne en 2020 ;

Les indicateurs calculés automatiquement sont disponibles en temps réel sur la plateforme en ligne ;

Consultation des contrats via SMS (info., niveau d’exécution technique et financière) et les mécanismes d’alerte sont fonctionnels ; – Production de Rapports Statistiques bihebdomadaires.

  • E-Bordereaux est enregistré auprès du Burida
  • E-Bordereaux est interfacée avec GESCOM (intégré à FINPRONET, logiciel comptabilité SODEFOR) ;
  • Suivi au quotidien des Contrats d’exploitation et des transmissions (Cellule de Veille E-Bordereaux 7j/7) ;
  • Capacité d’évaluer avec plus de précision la quantité de bois d’œuvre prélevée au cours d’une période donnée (année, mois, jour) ;
  • Réduire les cas d’exploitation illicite avec des analyses semi-automatiques et des mécanismes d’alerte intégrés au Système ;
  • Déterminer avec exactitude les essences en voie de disparition, les essences les plus exploitées, les plus demandées par les partenaires, et la diversité des essences exploitées ;

Nous pouvons affirmer que ce logiciel est une fierté, grâce à son efficacité et les progrès qu’il apporte dans la politique de traçabilité et la certification des produits forestiers.

– Autres Produits de la Forêt

C’est une procédure de gestion des APF (autres produits de la forêt) en dehors du bois d’œuvre. Il s’agit des produits tels que : le charbon de bois, bois de feu, perches piquets, la location de bas-fond. Ce logiciel a été conçu pour une meilleure sécurisation et la commercialisation efficiente des produis cités.

Il intègre les fonctionnalités suivantes : les demandes de contrats d’exploitation, la gestion des clients moraux et physiques, la gestion des différents contrats d’exploitation, la gestion de la facturation, la gestion des types de contrats et de conventions, la gestion des quotas, la gestion de la liste des forêts classées par centres de gestion et unité de gestion forestière…

– Risksodefor

Cette solution s’inscrit également dans le vaste programme de modernisation et du système d’information initié par la Direction générale. E-Risk une application mobile pour la collecte et le traitement des données pour la production de la cartographie des risques. Cette solution web permet de collecter en temps réel les informations utiles, à partir de formulaires numériques conviviaux et de consolider les données vers une base unique au siège de la SODEFOR. Par ailleurs, grâce à son architecture, elle met en exergue le concept de « zéro papier ».

– Starling

L’outil Starling est système de contrôle aérien, basé sur l’observation satellitaire (images optique et radar) qui permettent de mettre en place un système d’alerte précoce de déforestation observée dans les forêts classées. La méthodologie de l’outil consiste à la réalisation d’une carte de référence de la zone d’intérêt, à la détection de changement d’occupation du sol entre deux périodes (alertes précoces) et à la visualisation et analyse des alertes via une plateforme de visualisation des alertes (streaming). L’innovation de cet outil moderne de monitoring forestier est sa capacité à détecter les perturbations sous canopée grâce un indice de perturbation de la canopée développer par Airbus.

En outre, La SODEFOR toujours dans l’innovation de ses méthodes de surveillance et de gestion de son patrimoine forestier met en place le portail SIG FC CAVALLY qui est un portail cartographique interactif qui allie à la fois une interface de visualisation et de collecte de données sur le terrain. Il est structuré de sorte à pouvoir intégrer les informations collectées sur le terrain à une plateforme de visualisation après validation par un gestionnaire de donnée

– Une expérimentation réussie pour la forêt classée de Cavally

Pour une meilleure sécurisation des forêts classées, la SODEFOR a intégré dans sa stratégie la surveillance par satellite des forêts. Après la signature d’un partenariat avec l’ONG TFT (actuel Earthworm Foundation), la SODEFOR a initié de décembre 2017 à juillet 2018, le projet pilote de mise en place de l’outil STARLING pour la surveillance par satellite dans la forêt classée de Cavally. Le projet a été réalisé avec ses partenaires Earthworm Foundation et AIRBUS.

PRESENTEZ-NOUS L’ETAT DES FORETS CLASSEES EN COTE D’IVOIRE ET LES DIFFICULTES ET DEFIS AUXQUELS LA SODEFOR A ETE CONFRONTES EN 57 ANS D’EXISTENCE ? 

Avant 2002, les Forêts Classées étaient relativement bien conservées car nous avions inversé la tendance baissière du couvert forestier à laquelle nous étions confrontés quand nous les prenions en gestion en 1993. Cette tendance avait donc été inversée et situait à moins de 25% de taux de dégradation en 2022. Malheureusement, à la faveur des crises socio-politiques de 2002 et 2010, elles ont été envahies (plus de 50% de dégradation) par des populations, surtout allogènes, en quête de terres fertiles pour la création de cultures agricoles. Ces crises ont aussi occasionné la destruction des moyens de production de la SODEFOR (bases-vie des agents, véhicules, motos etc.). Le dernier Inventaire Forestier Faunique National (IFFN) de 2020 indique un taux de dégradation de 90% au niveau national et 87% dans les forêts classées.

QUELLES SONT LES ACTIONS DEPLOYES PAR LA SODEFOR POUR LIMITER LES INFILTRATIONS ET RESTAURER LES FORETS CLASSEES ?

Au sortir de la crise de 2010, la SODEFOR s’est lancée dans la recherche de financement pour reprendre en main les forêts classées, surtout celles situées dans la zone Centre-Nord et Ouest où l’administration forestière s’était retirée de 2002 à 2013. Grâce à l’appui du peuple du Japon, une partie des moyens logistique et équipement de l’entreprise a été renouvelée en 2014. Aussi, à la faveur du financement du Conseil National de Sécurité (CNS), et de certains partenaires au développement, des efforts considérables de protection et de restauration de zones dégradées ont été réalisés de 2017 à 2022 pour inverser la tendance des défrichements dans les forêts classées.

Au total, ce sont 31 140 ha de plantations nouvelles créées, 25 961 ha de jeunes cultures agricoles détruites, 4 684 abris précaires et campements illégaux démantelés, 298 procès-verbaux rédigés et 678 personnes interpelées pour des infractions au code forestier et traduit devant les tribunaux.

C’est avec beaucoup de satisfaction que nous assistons aujourd’hui, au retour de grands mammifères d’une part et à une reconstitution naturelle de certaines forêts classées d’autre part.

POUVEZ-NOUS PARLER DU PIF ?

Financé par la Banque Mondiale, le Projet d’Investissement Forestier (PIF) a pour objectif d’inverser la tendance de la déforestation et de la dégradation des forêts en Côte d’Ivoire et d’améliorer l’accès des communautés aux sources de revenus issues de la gestion durable des forêts dans les zones cibles du projet.

QUEL EST LE NIVEAU D’INTERVENTION DE LA SODEFOR DANS LE PIF ?

La SODEFOR exécute ce projet dans sa composante 1 intitulée « Gestion durable des forêts classées ciblées ». Et l’exécution consiste à réaliser des reboisements, à élaborer des Plans d’Aménagement Participatif des Forêts Classées, à produire et distribuer des plants aux communautés et à mettre en place des dispositifs de lutte contre les incendies de forêts dans plusieurs forêts classées retenues dans les zones.

Son intervention se situe à quatre niveaux :

  • Doter les forêts classées d’outils de gestion durable avec l’élaboration de 7 Plan d’Aménagement Forestier Participatifs (PAPF) et l’installation de 21 Comités de Gestion Participative des Forêts Classées (CGP-FC) dans les Préfectures ou Sous-Préfectures
  • La mise en place de 3400 hectares de reboisement intensif en Teck dans les forêts classées de Ahua, Proungbo-Sérébi, Kouabo-Boka, Boka-Go et Matiemba.
  • La mise en place de 14 278 hectares de parcelles agroforestières dans les forêts classées de la Haute-Dodo et des Rapides Grah ;
  • La contribution à la surveillance de la forêt classée du Cavally qui est érigé depuis ce mercredi 13 Aout 2023 en Parcs au vu de l’amélioration de sa conservation duaux efforts de la SODEFOR.

A LA FIN DE CE PROJET, QUEL BILAN DRESSEZ-VOUS ET QUELLES SONT LES PERSPECTIVES DE PERENNISATION DES ACQUIS DU PIF ?

Le bilan est satisfaisant au vu des résultats cités plus haut et aux efforts déployés par les agents pour mener à bien les activités. Le PIF a permis à la SODEFOR de renouer avec les grands programmes de reboisement qui ont servi à écrire les belles pages de l’histoire de la SODEFOR. Ces résultats ont conduit à la mise en place de la phase 2 (PIF2) que nous nous apprêtons à dérouler avec enthousiasme.

Le PIF 2 vient pour nous mettre à une échelle plus importante les résultats du PIF1. Aussi, la SODEFOR capitalise-t-elle déjà les résultats du PIF1 avec le relèvement de la quantité du reboisement agroforestier dans son programme annuel d’activité pour l’année 2023.

En fait, le PIF vient conforter la SODEFOR dans sa stratégie de réhabilitation des forêts classées dégradées par la cacaoculture à travers le reboisement agroforestier qu’elle met en œuvre depuis trois décennies déjà. Au niveau du reboisement intensif, la SODEFOR devra rendre une copie bien meilleure au cours du PIF2 avec la rigueur acquise au cours du PIF1.

UN MOT DE FIN ?

Nous sommes avant tout satisfaits de savoir que nombre de nos préoccupations, relatives à la conservation des forêts qui étaient encore mal connues, sont aujourd’hui portées à la connaissance de la communauté nationale et internationale. Il est tout aussi heureux de constater une convergence de vue dans les différentes réactions enregistrées. Aussi bien chez les bailleurs de fonds, que des politiques et autres leaders d’opinion. Il en résulte donc une prise de conscience commune, quant à la nécessité d’agir. Ce qui a du reste toujours été notre crie de cœur. Mais agir vite pour surtout faire en sorte qu’on détruise moins, à travers l’intervention humaine, serait encore mieux.

La Sodefor est bien là, prête à accompagner avec son expertise en la matière toutes initiatives visant le développement forestier durable.