C’est un projet titanesque dont le coût s’élève à près de 20 milliards de dollars. Au Nigeria, la giga-raffinerie de l’homme d’affaires milliardaire Ali Dangote a été inaugurée ce 22 mai 2023 à Lekki, dans la périphérie de Lagos, par le président sortant du pays, Muhammadu Buhari.

Cette inauguration est en quelque sorte le cadeau d’adieu du président Buhari au Nigeria, une semaine pile avant de quitter le pouvoir. L’inauguration a d’ailleurs peut-être été avancée pour qu’il puisse mettre son nom sur ce projet.

En revanche, le président élu, Bola Tinubu, n’était pas présent. Il était représenté par son vice-président, Kashim Shettima. D’autres chefs d’État de la sous-région ont également fait le déplacement : Macky Sall (Sénégal) ou Mohamed Bazoum (Niger), preuve de l’importance régionale de cette gigantesque infrastructure.

Devant ce parterre de personnalités politiques et de rois, Aliko Dangote, l’homme le plus riche d’Afrique, a promis de sortir le Nigeria des pénuries d’essences à répétition : « Dans l’année qui vient, nous allons proposer un produit raffiné de qualité, et ainsi, nous pourrons éliminer notre dépendance, et mettre fin une fois pour toute à l’essence frelatée qui a envahi notre marché. »

À terme, la raffinerie d’Aliko Dangote doit produire 650 000 barils de produits raffinés : essence, diesel, kérosène. De quoi couvrir entièrement les besoins en carburant du Nigeria et même d’exporter un surplus.

Mais beaucoup de questions restent en suspens. Lors de son discours, Aliko Dangote a annoncé que la production de sa raffinerie serait sur le marché d’ici au mois d’août, mais il est clair que celle-ci ne va pas tourner à plein régime immédiatement. Il y a pourtant urgence, puisque le premier producteur de brut du continent africain ne possède aucune raffinerie fonctionnelle.

Pour sortir de cette impasse, la compagnie pétrolière nationale du Nigeria a choisi d’acquérir une participation de 20% dans la raffinerie de Dangote et lui fournira du pétrole brut. Un accord pas forcément équilibré aux yeux de certains analystes, mais le président Muhammadu Buhari s’est félicité de ce partenariat dans un contexte économique difficile : « Vu la situation, notre gouvernement a été obligé de créer un environnement propice au secteur privé, pour que celui-ci se développe et comble le manque criant d’investissement, non seulement dans les infrastructures, mais aussi dans tous les autres secteurs en tension. »

Par ailleurs, même si Dangote promet aujourd’hui de privilégier le marché local, certains connaisseurs du secteur pétrolier interrogés par RFI s’inquiètent qu’il ne finisse par exporter une bonne partie de sa production.

La raffinerie Dangote est la plus grande raffinerie africaine, une des plus grandes au monde, elle va évidemment complètement changer la donne non seulement au Nigeria mais aussi dans toute la région. Et si toute la production – ce n’est évidemment pas le cas – allait vers le marché nigérian, elle pourrait couvrir tous les besoin du Nigeria. (rfi.fr)