Habit traditionnel (qu’il a par la suite ôté pour arborer fièrement sur son t-short le portrait de Thomas Sankara), bâton de pèlerin à la main, le chanteur connu pour son engagement en faveur de la cause africaine entame sa prestation avec son titre (plus que d’actualité) « Où est-ce que tu vas ? », qui fait référence au drame des migrants qui traversent, au péril de leurs vies, la Méditerranée.
Tradition et contemporanéité ont enveloppé les sonorités africaines proposées pour la soirée du 15 août dernier, au festival de Carthage. Un rendez-vous avec la musique subsaharienne devenue tradition et qui, à chaque fois, fédère un grand public.
Et ce fut le cas pour ce concert assuré en première partie par la star nigériane Yemi Alade suivie par l’unique Tiken Jah Fakoly. Deux registres différents, deux belles et fortes présences scéniques qui ont su ravir les présents entre autres les Subsahariens résidant en Tunisie qui étaient conquis d’avance.
La soirée, hautement symbolique, a également enregistré la présence de Hayet Guetat Guermazi, ministre de la Culture et de Nabil Ammar, ministre des Affaires étrangères.
La nouvelle vague des musiques pop d’Afrique de l’Ouest a déferlé, ce soir-là, sur les gradins du théâtre antique, représentée par la fougueuse Yemi Alade. Accueillie par les cris et les applaudissements d’un public chauffé à blanc, elle a semé, tout au long de sa prestation, une folle énergie, avec ses tubes dansants à saveur R&B et dancehall.
Accompagnée de deux danseuses, deux percussionnistes, deux guitaristes, un claviériste et un choriste, la star de la pop africaine, révélée en 2009 dans un populaire concours de chant télévisé nigérian, a ouvert le bal avec des titres issus de ses premiers albums, ceux qui ont fait son succès: « King of Queens, « Mama Africa », « Tangerine », « Tumbun » et « Kissing », « Oh my Gosh », « Dancina » qui est une interprétation de Billie Jean de Michael Jackson et d’autres titres évoquant ses origines musicales africaines où se mêlent soul, R&B, afrobeat et high-life.
En véritable show-woman, celle qui a atteint les 100 millions de vues sur Youtube et Vevo avec son hit «Johnny», a créé une ambiance électrique en entraînant le public dans ses danses chorégraphiées aux rythmes hybrides de ce nouveau Afrobeat qu’elle distille à l’instar des autres artistes de sa génération. Un son détonant qui allie afrofunk, R&B, soul et influences jamaïcaines.
Changement de registre, mais pas baisse de régime, pour la deuxième partie de la soirée qui a accueilli, pour seulement 45 minutes, l’artiste ivoirien Tiken Jah Fakoly.
Habit traditionnel (qu’il a par la suite ôté pour arborer fièrement sur son t-short le portrait de Thomas Sankara), bâton de pèlerin à la main, le chanteur connu pour son engagement en faveur de la cause africaine, entame sa prestation avec son titre (plus que d’actualité) « Où est-ce que tu vas ? », qui fait référence au drame des migrants qui traversent, au péril de leurs vies, la Méditerranée.
Tiken Jah Fakoly, vingt-cinq ans de carrière musicale, une forme olympique et cette voix chaude et rocailleuse pour dénoncer toutes les formes d’injustice, surtout celles qui touchent l’Afrique.
Mêlant les lignes de la musique au combat, employant le verbe comme une arme, son reggae international qui allie lutte et espérance a, ce soir-là, à Carthage, devant un public d’initiés mais aussi de jeunes qui découvrent pour la première fois cette valeur sûre de la scène internationale, conquis les cœurs et les esprits.