La ville balnéaire de Grand-Bassam, ville classée au patrimoine mondial de l’UNESCO vit une période triste de son histoire. La grande saison des pluies qui secoue la Côte d’Ivoire laissera des images sombres dans l’esprit des Bassamois. Plusieurs quartiers de cette cité sont sous les eaux au grand désarroi des populations. Et pourtant aux dires de certains riverains pour pallier cette situation qui se reproduit depuis chaque année, au mois de mars déjà, le conseil municipal avait décidé de curer les caniveaux afin de permettre une bonne évacuation des eaux de pluies. Malheureusement depuis quelques semaines avant l’augmentation de la pluviométrie les cités ADO, Modeste, Mockeyville, ODDOS et Petit Paris sont inondées. Les Bassamois que nous avons rencontrés au cours d’une visite terrain avec le maire Jean Louis Moulotce ce dimanche 25 juin 2023 ne savent plus à quel saint se vouer.
»Nous demandons pardon au Président de la République Alassane Ouattara et aux gouvernements ivoiriens de venir en aide à nos autorités et aux bassamois. Le lundi 26 juin 2023, nous ne savons pas comment aller au travail, certains de nos voisins sont bloqués dans leurs maisons. Nous craignons le pire. Nous demandons de l’aide » a lancé Marc K , habitant de la Cité Ado.
À sa suite, madame Touré K. a expliqué que son habitation est sous les eaux depuis quelques jours et grâce à l’intervention d’une équipe des sapeurs pompiers, la mairie nous a aidé à nous loger dans un hôtel. »Mais jusqu’à quand? Nous voulons sauver notre véhicule et notre maison » a déclaré madame Touré K, habitante du quartier Modeste.
Au niveau du conseil municipal, c’est la veillée d’armes. Le maire Jean Louis Moulot fait ce qui est à son pouvoir pour apporter assistance aux populations tout en essayant de trouver des solutions pour faire évacuer l’eau. Des engins ont été déployés pour ouvrir des passages pour les eaux de pluie. A la suite de ces travaux, on observe une décrue progressive dans les cités ADO et Gaia. Parallèlement, les travaux de curage des grands canaux de la ville se poursuivent en vue de les débarrasser de tous les objets encombrants et autres déchets qui empêchent l’évacuation normale des eaux de pluies.
Par ailleurs, le maire a saisi l’occasion de ces visites pour rappeler aux populations l’importance de ne pas jeter des objets encombrants et autres déchets dans les canaux et caniveaux de la ville. A ce jour, ce sont environ 37 familles de 149 personnes qui ont été relogés dans des hôtels, des familles d’accueil et dans des écoles. Le conseil municipal semble débordé aux dires d’un sinistré de la Cité Ado.
« Cela fait plusieurs années que nous subissons des inondations ici à Bassam. Surtout à Petit Paris. Tout cet endroit était inondé », soutient Pierre N’Guessan, ouvrier. Il garde encore en mémoire l’inondation de l’année 2019, l’une des plus graves. Ils ont dû dormir hors de leurs maisons, à des endroits aménagés. Les malades et les vieilles personnes ont été évacués dans d’autres villes proches. C’est le cas de sa maman qui ne se sentait pas bien à l’époque et qui a été évacuée à Bonoua.
Le quartier France, situé entre la lagune et la mer, a connu également les conséquences liées à la montée des eaux. Ce quartier abritant des constructions de type colonial, est régulièrement envahi par les eaux, aux dires des habitants.
L’inondation n’est pas sans conséquence sur la santé des populations. Les nombreux points d’eaux stagnantes qui en résultent, sont des nids de moustiques. Les cas de paludisme sont alors fréquents, surtout pendant ces moments d’inondation.
Pour nombre d’habitants, l’une des raisons de la montée des eaux est le manque de canalisations dans la ville. « A mon avis, c’est parce qu’il n’y a pas assez de caniveaux. Ce qui rend difficile l’évacuation des eaux de ruissellement. Les eaux des toilettes se retrouvent stagnées derrière les maisons, dans les rues », confie Aboubacar, habitant du quartier Odos. Il ajoute que certains quartiers de la ville n’ont pas de caniveau et met en cause l’incivisme des populations. Celles-ci n’hésitent pas à boucher le peu de caniveaux qui existe avec les ordures ménagères et autres déchets. « Quand il pleut cette voie est difficile à traverser », poursuit Aboubacar. « Notre problème, à Bassam, c’est qu’on n’a pas de caniveaux. Et puis des constructions ont été faites sur des bassins d’orage », soutiennent-ils. Ils citent l’exemple de Mockeyville où l’eau pouvait rejoindre la lagune si les canalisations avaient été faites. Pour certains habitants, l’inondation que subit la ville de Grand-Bassam est un phénomène naturel dû à l’ensablement de l’embouchure du fleuve Comoé. Il est donc nécessaire qu’un plan Marshall soit mis en œuvre pour sauver des vies à Grand Bassam.