« Il faut qu’on cherche la vérité et qu’on la trouve », a-t-il martelé. « Le 31 mars est la date qui a mis fin à l’injustice! »: l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo a tenu vendredi un grand meeting dans son fief de Yopougon, deux ans jour pour jour après son acquittement définitif par la justice internationale.

Devant une foule incandescente de plusieurs milliers de partisans réunis pour la « Fête de la renaissance », dans cette commune populaire d’Abidjan, Laurent Gbagbo est longuement revenu sur ses années de détention à la Cour pénale internationale de la Haye (CPI).

Le 31 mars 2021, il avait été acquitté de crimes contre l’humanité commis lors de la sanglante crise post-électorale de 2010-2011, et avait pu rentrer en Côte d’Ivoire en juin de la même année.

En 2010, la victoire à la présidentielle d’Alassane Ouattara, contestée par Laurent Gbagbo, président sortant, avait débouché sur une crise qui avait fait 3.000 morts et conduit à l’arrestation de M. Gbagbo en avril 2011.

« Si la Côte d’Ivoire veut être une nation de paix, de justice, de vérité, je conseille à notre cher pays de continuer à chercher les coupables », a-t-il lancé, citant pêle-mêle « l’armée française », « l’armée de l’ONU », ou encore « les rebelles », soutenant à l’époque Alassane Ouattara.

« Il faut qu’on cherche la vérité et qu’on la trouve », a-t-il martelé.

La présidentielle en tête

Laurent Gbabgo, 77 ans, désormais à la tête d’une nouvelle formation politique, le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), tenait son premier grand meeting depuis son retour dans son pays natal il y a près de deux ans.

Après une arrivée de rockstar et une longue ovation de la place Ficgayo pleine à craquer, Laurent Gbagbo a notamment assisté à un défilé de ses militants venus de tout le pays, manifestement ému.

« Ca fait plus de douze ans que je n’avais pas vu Yopougon », s’est-il réjoui, un large sourire sur son visage, lunettes de soleil vissées sur le nez. Parmi ses partisans, une date est sur toutes les lèvres: 2025 et la prochaine élection présidentielle.

« Nous attendons une seule chose, qu’il reprenne le pouvoir », explique Elise Nemehou, qui a fait de longues heures de route depuis Guiglo (ouest) pour venir au meeting . « C’est une renaissance, il était mort, et maintenant il est ressuscité! Jamais je ne l’abandonnerai », abonde Yvette Dao, robe en pagne bleu et blanc aux couleurs du parti.

« En 2025, Laurent Gbagbo va retourner au palais » présidentiel, prédit à la tribune le secrétaire général du PPA-CI, Damana Pickass, sous les « Président, Président » de la foule.

Le meeting a également permis de faire un bref état des lieux des possibles alliances politiques que M. Gbagbo pourrait nouer dans la perspective de 2025.

Sans surprise, les représentants du parti au pouvoir ont été copieusement hués par la foule, tandis que ceux du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), principale formation d’opposition, ont été chaleureusement applaudis.

Autre nom longuement hué par les militants, celui de Charles Blé Goudé, ancien bras droit de Laurent Gbagbo, emprisonné à la Haye et acquitté comme lui il y a deux ans. De retour en Côte d’Ivoire, M. Blé Goudé fait pour l’heure cavalier seul au sein d’un nouveau parti, le Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (Cojep), une décision qui passe mal dans le camp Gbagbo.

Enfin, l’ex-président a également lancé quelques piques indirectes à son ex-épouse Simone Gbagbo, sans prononcer une seule fois son nom, en rendant plusieurs hommages appuyés sur le soutien apporté pendant son incarcération par Nady Bamba, son actuelle compagne présente à ses côtés vendredi.

Le couple s’est séparé politiquement puisque Simone Gbagbo a décidé de ne pas rejoindre le PPA-CI lors de sa création et a fondé son propre parti.

La fête de la Renaissance s’achèvera samedi par une rencontre entre Laurent Gbagbo et des jeunes à Abidjan. (Africanews)