Si ce qui se passe au Burkina Faso est beaucoup suivi en Côte d’Ivoire, c’est parce que les deux pays partagent une frontière commune de près de 500 kilomètres. A cela, il faut ajouter environ la même longueur de frontière entre la Côte d’Ivoire et le Mali, un autre pays confronté au terrorisme.

« Il y a lieu pour la Côte d’Ivoire de s’inquiéter. En ce sens que, que ce soit le Mali ou le Burkina, ce sont des Etats frontaliers mais qui sont en même temps confrontés à la menace terroriste. Les terroristes opèrent de façon quasi-quotidienne sur ces deux territoires. La redéfinition de leurs stratégies militaires en termes de changement de partenaires militaires, peut impacter négativement la politique sécuritaire en Côte d’Ivoire. Surtout au niveau des zones frontalières. On peut certes diversifier ses partenaires dans la lutte contre le terrorisme mais tout en conservant les acquis. Et dans ce cadre-là, la France a un grand rôle à jouer », a expliqué Geoffroy-Julien Kouao, juriste et analyste politique.

La Côte d’Ivoire compte sur sa stratégie

Si pour Geoffroy-Julien la France reste incontournable dans la lutte contre le terrorisme dans la sous-région, pour Samba David du mouvement Les Indignés, la présence française n’a pas empêché les attaques djihadistes au Mali et au Burkina Faso.

« La présence de l’armée française n’a jamais résolu la progression ou l’existence des terroristes. Donc pour moi, la Côte d’Ivoire n’est pas menacée de quoi que ce soit parce que cette affaire de terrorisme est une invention française. »

En Côte d’Ivoire, pour parer à toute éventualité, les positions des forces de défense et de sécurité ont été renforcées dans le nord du pays et de nombreux projets de développement en faveur des jeunes ont été mis en place par le gouvernement ivoirien, avec l’appui des bailleurs de fonds.

L’objectif est de proposer des alternatives aux promesses des recruteurs djihadistes. « La Côte d’Ivoire a déjà anticipé, en envoyant des militaires à la frontière et en posant des actes de développement dans les régions concernées. Maintenant il faut voir comment renforcer la coopération militaire en termes de renseignement avec le Burkina et avec le Mali’’, a expliqué Geoffroy-Julien Kouao.

En réponse à la demande burkinabè, la France a annoncé qu’elle va retirer ses troupes dans un délai d’un mois. La situation sécuritaire au Mali et au Burkina Faso a été au centre de la rencontre, ce mercredi à Paris, entre les présidents Emmanuel Macron et Alassane Ouattara. (dw.com)