Le Colonel Damiba, renversé hier par un coup d’Etat militaire, ne restera pas forcément dans les annales de l’histoire africaine comme un dirigeant de qualité exceptionnelle. Au Burkina, il restera aussi celui qui a ouvertement appelé à faire un coup d’Etat contre lui si la société civile trouvait qu’il ne dirigeait pas comme il se devait. Cinq mois après ce défi inouï, il a été renversé… Par un coup d’Etat.
Le Colonel Damiba a lancé un défi à un leader de la société civile au Burkina Faso. Ce défi consistait selon lui à prendre les armes pour le renverser, si bien sûr ceux qui critiquent ses échecs militaires contre les terroristes en étaient capables. C’est un homme visiblement énervé qui avait jeté au visage d’un citoyen burkinabè de Bobodioulasso cette réponse. Pourtant cette question centrale rattrapera Damiba…
Ce leader d’une organisation de la société civile de la ville de Sya, qui a demandé à Damiba la position du MPSR face à la France, s’est vu répondre ceci: « A partir de maintenant, vous êtes le soutien de la Transition. Si vous vous écartez des objectifs de la Transition, vous la trouverez sur votre chemin. Le Burkina Faso est libre de nouer des partenariats avec ceux qui peuvent l’aider à se développer. Si vous êtes réellement fort comme vous le prétendez, faites votre coup d’Etat et gérez le pays comme vous le voulez ».
Une réponse ambigüe et choquante, mais une posture qui a caractérisé la démarche de Damiba. Sa ruse devenait insupportable pour les soldats et Burkinabè qui veulent rompre avec les pratiques de la France-Afrique. Or Damiba se rapprochait dangereusement de ce cartel de chefs d’Etat qui font ami-ami avec la France, au détriment des intérêts des pays africains.
Ironie du sort, c’est à Bobodioulasso, la ville où le Colonel Damiba avait défié le leader de la société civile en question qu’est partie la révolte civile contre son régime. 48H avant que les militaires n’entrent en action, les populations de cette ville ont expressément demandé sa démission. Certains ont même manifesté en descendant dans la rue. Le lendemain, Damiba est déchu. (AfrikMag)