Depuis des jours, la tension autour de leur visite monte. Ce jeudi, des inspecteurs de l’AIEA sont attendus dans la centrale nucléaire de Zaporijjia pour une mission à haut risque, l’Ukraine reprochant à l’armée russe de bombarder le secteur tandis que Moscou accuse Kiev d’y avoir envoyé une équipe de «saboteurs». Le chef de l’Agence internationale pour l’énergie atomique, Rafael Grossi, qui conduit une équipe de 14 experts, assurait ce jeudi matin que la mission vers la centrale tenue par l’armée russe était maintenue malgré les violences.

«Il y avait des activités militaires, y compris il y a quelques minutes» mais «nous n’arrêtons pas, nous bougeons, a-t-il déclaré à la presse dans la ville de Zaporijjia, située à environ 120 km de la centrale avant le départ du convoi vers 08 h 15. Nous allons commencer immédiatement l’évaluation de la situation sécuritaire à la centrale.» L’AIEA souhaite établir une présence «permanente» dans cette centrale du sud-est de l’Ukraine pour éviter une éventuelle catastrophe nucléaire.

Nouvelles accusations

Les deux belligérants s’accusent depuis des semaines de mettre en danger la sécurité de cette centrale nucléaire, la plus grande d’Europe. Jeudi, les autorités ukrainiennes ont accusé la Russie d’effectuer des frappes d’artillerie sur Enerhodar, ville où se trouve la centrale. Sur Telegram le maire en exil d’Enerhodar, Dmytro Orlov, a ainsi écrit que «les Russes effectuent des frappes d’artillerie sur l’itinéraire par lequel la mission de l’AIEA doit aller vers la centrale». Il a également affirmé que l’armée russe tirait sur Enerhodar «avec des mortiers et des armes automatiques et bombarde avec des roquettes».

De son côté, l’armée russe accuse des troupes ukrainiennes d’avoir envoyé «deux groupes de saboteurs». Les commandos auraient «débarqué à bord de sept embarcations […] à trois kilomètres au nord-est de la centrale nucléaire de Zaporijjia et ont tenté de prendre la centrale», indique le ministère russe de la Défense dans un communiqué. Il précise que l’armée russe avait pris «des mesures pour anéantir l’ennemi, en faisant notamment usage de l’aviation militaire».

La centrale est située le long du fleuve Dniepr, dont la rive gauche est contrôlée, dans ce secteur, par les troupes russes. Ces déclarations étaient invérifiables de source indépendante. Le ministère russe de la Défense accuse également l’armée ukrainienne d’avoir effectué des tirs d’artillerie sur le «point de rendez-vous» de la mission de l’AIEA à proximité de la centrale nucléaire.

Un responsable de l’administration d’occupation russe dans la région de Zaporijjia, Vladimir Rogov, a pour sa part accusé l’Ukraine d’avoir bombardé Enerhodar. Selon lui, trois civils ont été tués et un autre blessé lors de ces tirs d’artillerie sur des zones résidentielles d’Enerhodar. (Libération)